Ma soeur. Je m'étais réveillé ce matin en pensant à elle. Faut dire qu'elle commençait à me manquer la gamine. On était proche éant jeune, et le temps sépare les gens. Nous refusions cette fatalité, tentant parfois veinement de garder notre complicité. Mais ce n'étais pas tellement simple. Elle avait son caractère, j'avais le mien. Faut dire que c'était rarement compatible à moins que l'un ravale sa fierté, et j'aimais pas trop le faire. Malgré tout ça, on s'aimait à en crever, on avait vécu pas mal de chose, et dernièrement, nos don nous avait rapproché. Je m'étais levé et j'avais traîné dans la cuisine une bonne demi-heure, entre café, pompe, musique. J'avais des papiers à rendre à la banque concernant un nouvel investissement pour ma boîte. Mais ça attendra, rien ne passe avant ma soeur. Je lui avait donc envoyé un petit texto en l'obligeant à me rejoindre au bar de danse en centre ville du quartier de Sago. J'avais pris l'habitude d'y aller, les filles étaient juste hors norme là-bas. J'avais déjà mes marques dans ce petit bar modeste. Je quittais donc mon appartement, habillé pour le coup très simplement, c'était pas un rancard quoi. J'arrivai bien sûr à 'avance, je n'avais pas à m'accommoder de toutes ces histoires de transport. D'ailleurs, je n'avais jamais pensé à passer mon permi. Inutile pour le moment. Je commanda un cocktail frais et attendit ma soeur , installé à une table distantes des autres de quelques bons mètres.

Mon cocktail arriva enfin, je ne sais pas ce qui avait mis autant de temps. Peut-être qu'ils allait chercher les fruits dans leur pays d'origine. Je ne regarda même pas le serveur, il est clair que ce type ne sera jamais embauché par mes soins. J'avais un léger coup de fatigue, m'installer à une table, sur cette banquette si confortable n'était peut-être pas une excellente idée. Depuis des années, j'avais l'impression ne pas avoir trouvé le temps de me poser, arrêter mes courses folles, mes fantasmes objectales qui me faisait faire tout plein d'étude de projet, de réinvestissement ... depuis tout jeune j'étais ambitieux, actif voire hyperactif, mais finalement, je ne pensais pas vraiment à moi. C'est pas que je me plaignais, beaucoup de personnes aimeraient accomplir le quart de ce que j'ai fait. Mais en même temps, j'ai pas forcément chômer pour obtenir ce que j'ai. Si je ressassais tout ça, c'est uniquement parce que j'attendais ma soeur, et que j'étais l'homme le pus impatient du monde. Elle n'avait jamais été très à l'heure, pourtant, elle aussi possédait cette capacité à pouvoir se mouvoir rapidement. Elle devait avoir une vie trop chargée elle aussi pour être à l'heure. Je me mis à rire tout seul, j'étais vraiment de mauvaise foi, combien de plans je lui avait mis pour ma part ? Bien Trop. J'entendis mon nom hurlé dans tous le bar, ma soeur avait une de ces voix stridentes qui vous fait grincer des dents. Entre temps je m'étais relever directement et elle était déjà dans mes bras. Son odeur emplissa alors mes narines, qu'il était bon de l'avoir près de moi. Ma grande soeur, c'était vraiment un bout de moi, on pouvait ne pas se voir pendant trois mois, mais on le regrettait vite. On se disait à chaque fois arrêter de mettre trop de distance entre nous , et pourtant , c'était un cercle vicieux, et on se perdait toujours de vue. « Ma soeur... Toujours autant de voix ! » Je souriais, soulagé de voir qu'elle allait bien. Ma soeur était une femme forte, mais j'étais très - trop ? - protecteur, et j'avais finalement du mal à la voir voleter ainsi, alors que je savais qu'elle savait se défendre, qu'elle avait son caractère. J'avais surtout peur à chaque fois que je la voyait qu'elle m'explique qu'un homme lui avait fait du mal. C'était le genre de chose où je n'aurais aucun scrupules à faire du mal, loi de là. Finalement, j'étais un gros schizophrène, je passais d'un tout à un rien et inversement. Je savais ma construction mentale complexe, mais je pense que personne ne l'imaginait. Ma soeur avait été témoin étant plus jeune de mes excès de violence. J'avais appris à me canaliser, en grandissant mais finalement, je ne le voulais pas vraiment, c'était aussi ma force, et pourquoi se résoudre à diminuer sa force ? Bref, pour le moment, j'étais heureux. Je relâchais ma soeur, elle finirait par ne plus pouvoir respirer. Soudain, ses mains vinrent pincer ma joue, Dieu que je détestais ça et en plus elle le savait. Je la tuais du regard, avant de laisser échapper un rire. « Tu deviens de plus en plus beau, mon cher ! C'est un homme que j'ai en face de moi maintenant. » me dit-elle en exagérant bien la chose. Elle se foutait de moi là non ? « Bah bien sûr, et toi, t'as quelques rides là, entre les yeux ! » Je pointais son front avec mon index, enlevant peut-être un peu de son fond de teint. Quelle précieuse... « Comment vas-tu ? » Elle et ses questions. « Bah ça va ... Tu sais que j'aime pas ces questions. Quand les gens vont bien, ils te balancent leur bonheur en pleine gueule. Et quand ils vont mal, t'es bon pour faire la psychanalyse de base, alors que t'en a rien à faire. Enfin bref, je vais bien... Et toi ? » Je me réinstalla sur mon siège, en appelant le serveur. Devrais-je lui expliquer qu'il avait intérêt à être rapide cette fois-ci ?

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